Balle, François: Recherches sur l'entreprise chez les grands marchands de l'Italie communale (XIIIe et XIVe siècles)
Balle, François: Recherches sur l'entreprise chez les grands marchands de l'Italie communale (XIIIe et XIVe siècles)
Ce travail porte sur les compagnies des grands marchands médiévaux italiens, ceux qui alimentaient et se fournissaient dans les foires et sur les places internationales, en Europe, autour de la Méditerranée et parfois plus loin. Son ambition est de porter un nouveau regard sur les outils d’organisation économique et de gestion de leur activité par les grands marchands Italiens médiévaux, et à travers eux sur la question de l'entreprise au Moyen Âge.
Les sources de cette analyse sont les outils destinés à la gestion de leur activité par ces marchands, et les seuls issus de leurs mains et de leur intelligence : livres de compte, lettres commerciales et enfin, beaucoup plus rares, les manuels de commerce. Ces trois outils de gestion ou d'administration de leur activité par les marchands (de management dirait-on aujourd'hui dans le monde de l'entreprise) leur permettaient de maîtriser leur activité. Ce choix, certes limitatif, permet de rechercher les comportements et les préoccupations des marchands dans un cadre qui leur est propre, devant leur table de travail, face à des besoins de gestion, avec des interférences politiques ou sociales limitées. Il permet donc d'analyser l'idée que se faisait de son activité et de lui-même le marchand qui établissait ces documents.
Le début de l’étude est dicté par l’apparition des sources (1211). Encore ce document est-il bien isolé puisque les suivants datent, pour les plus anciens, du milieu du même siècle. Le début du XIIIe siècle constitue cependant une borne temporelle logique, correspondant dans la région à l'affirmation des communes, et dans celles-ci à la montée de forces nouvelles qu'amenait le développement économique (Popolo). Le terme calendaire de l'étude est fixé au moment où cette première révolution économique s’essoufflait. La succession des faillites qui intervinrent dans la première moitié du XIVe siècle et qui culminèrent dans les années quarante, impliqua une adaptation des formes d’activité.
Ce travail sera mené avec un esprit dégagé des luttes de systèmes qui ont encombré la quasi-totalité des travaux du XXe siècle et qui pèsent peut-être moins aujourd'hui, avec plus de recul aussi par rapport au modèle dominant d'entreprise qu'imposait l'industrie triomphante du siècle dernier. Enfin, cette analyse utilisera les apports nouveaux d'autres disciplines des sciences humaines, ceux de la science économique en particulier, par exemple sur la nouvelle vision de l’agent de production qu’est l’entreprise (théories de la firme – Coase, Williamson…). Les historiens médiévistes spécialistes de l'activité économique et de la notion d'entreprise, dont beaucoup de travaux datent du début de la deuxième moitié du XXe siècle, ne disposaient pas de ces outils. Il en est de même pour les apports nouveaux de la sociologie des organisations ou pour les travaux de théoriciens en gestion ou en management des entreprises comme ceux de James A. Chandler, qui dans une certaine mesure d'ailleurs rejoignent ceux des économistes.
J’aimerais m’inspirer, pour ces travaux, de l’approche professionnelle des entreprises contemporaines, de leur gestion et de leur organisation, qui fût une part essentielle de mon activité de consultant. Entrer un peu de la même façon dans ces entreprises si lointaines, étudier leurs outils de gestion, essayer de comprendre les personnes que j’y verrai travailler, comme celles que j’ai vu dans mon activité professionnelle, constituera une approche à la fois stimulante et enrichissante.
Spätmittelalter, Handel, Italien, Städte, Wirtschaft
Moyen Âge tardif, commerce, italie, villes, économie